Quand j'ai su que j'avais des pouvoirs, mes parents furent terrorisés. Mon père cogna fortement sur la table, comme à son habitude quand une contrariété se présentait à lui et me montra du doigt la porte d'entrée. Ce soir là, il n'avait pas trouvé son litron de gnôle. Je m'étais sentie chanceuse. Mon sort aurait pu être bien pire.
Je fis un baluchon avec quelques sommaires affaires et fis mes adieu à ma mère et ma fratrie. Chacun d'eux semblait soulagé de mon départ. J'ai passé la porte sans laisser paraître la moindre émotion, mais en moi, je hurlais.
Mon enfance avait toujours été des plus heureuse, avec cinq frères blagueurs, une mère aimante et un père sévère mais juste. J'avais de ma famille une imagé idéaliste d'un groupe soudé à tout jamais. Jamais plus je ne retournerais dans la maison familiale, c'était décidé. Je referais ma vie, loin du pays des Royalistes.
J'ai longtemps arpenté les chemins de terre, usant mes souliers jusqu'à la corde. Il faisait une chaleur épouvantable dans les campagnes cet été là et la sueur perlait sur tout mon corps. A un carrefour, je décidais de faire une pause et m'assis sur une pierre. Je n'avais aucune idée de l'endroit dans lequel je me trouvais et mes habits rouges trahissaient ma provenance. Mes parents les Royalistes ne l'étaient pas par conviction. Il se trouvait qu'ils avaient leur ferme depuis des générations en terre Royaliste, avant même d'ailleurs qu'elle devienne terre Royaliste. Ils sont donc restés par commodité, mais les affaires politiques du royaume n'avaient jamais été pour eux un centre d'intérêt. Tant qu'ils avaient de quoi emplir leur panse, la vie leur convenait.
C'est donc toute de rouge vêtue que me trouva ce cavalier à ce carrefour. Il portait un fier costume émeraude et... une longue dague menaçante.
-Que fais-tu ici, souillon royaliste ?
Je rougissais soudain violemment. Il est vrai que ma tenue n'était pas des plus saillantes mais pour une jeune fille l'insulte était grande. Je ne me rendais pas compte du danger que je pouvais courir vêtue ainsi dans, semblait-il, le pays Cartellois.
-Tu es une espionne royaliste, avoue ! avoue avant que ma lame ne traverse ta gorge !
La terreur emplit mon esprit, et sans trouver la moindre explication, je me mis à pleurer. Le cavalier, surpris d'un tel comportement de ma part, rangea sa dague et s'avança prudemment vers moi. Entre deux sanglots, je pus articuler quelques mots:
-Je ne suis ni royaliste, ni quoi que ce soit, monseigneur. Je ne suis rien qu'une enfant porteuse d'un lourd secret ayant causé sa perte. Je ne sais pas où je suis, je ne sais encore moins où je me rends.
Au fur et à mesure qu'elles perlaient sur mes joues, mes larmes se solidifiaient et devenaient cristal. Lorsqu'elles tombaient au sol, elles se brisaient en un bruit symphonique. Le cavalier me sourit, défit sa cape qu'il me mit sur mes épaules. Laisser ainsi une magicienne novice sans protection en temps de guerre n'était pas une très bonne idée, surtout si cette dernière pouvait se rallier à la cause de Zélandra.
-On ne peut vivre en ces contrées sans choisir d'alignement, jeune demoiselle. Je vois en vous beaucoup d'espoir et de courage. Le Cartel peut avoir un jour besoin de vous. Toutefois, pour me prouver votre bonne foi, il te faudra aider les cartellois en difficulté. Tu n'auras pas de peine à en trouver. Il faut dire que les temps qui courent ne sont pas propices aux fêtes et aux rires. La guerre a fait déjà beaucoup de veuves et d'orphelins.
Sans poser la moindre question, je me laissais entraîner sur l'immense monture. L'homme me mena dans une ville nommée Cyrosh. Dans une boutique, il m'acheta une longue robe émeraude et m'abandonna sans me dire un mot. Jamais je ne devrais le revoir.
Je revêtis la toilette et timidement commençait à arpenter les rues. Je ne tardais pas à trouver une marchande de bougie en difficulté, un moine fatiguée ou encore une jeune femme mourante. Depuis mon arrivée, je ne cesse d'aider les cartellois, tout en tentant d'éviter de forts désagréables personnages. Tous les cartellois ne sont malheureusement pas de braves gens, certains volent, d'autres poussent quand des ennemis infiltrés ne viennent pas tenter de vous assassiner. Toutefois, la vie au Cartel était présente et je me sentais de plus en plus à mon aise. Je me demandais à quoi pouvait ressembler Zélandra et j'espérais un jour pouvoir la rencontrer. En attendant, je ne voulais pas rester seule.
Un jeune guerrier me parla d'une guilde, l'Ambre.
En passant devant leur quartier général je décidais de leur demander asile.
Le chemin vers la victoire était encore longue, mais j'étais bien résolue à aider le Cartel, et à mettre mes pouvoirs à leur service.
[HRP: Syracuse, level 19 ^^ je reste à votre disposition en cas de questions !]